Bien que présenté comme un outil semi professionnel, sans doute pour ne pas froisser les aristocrates du Steadicam pour qui les caméras numériques légères n’ont pas encore acquis leurs lettres de noblesse, la conception du Flyer en fait un outil haut de gamme pour la stabilisation des caméras HD numériques de toutes marques, bref de toutes caméras ne dépassant pas 6,8 kg, numérique ou argentique… Les applications préconisées par le fabricant sont le documentaire et le magazine, le court-métrage et le cinéma ultraléger, en passe de devenir un standard.
« Dans le monde aujourd’hui, Steadicam a une bonne quinzaine d’imitateurs car ma patente originale est passée dans le domaine public. » explique Garrett Brown, l’inventeur du système et co-animateur du Master Class, mais ce qui caractérise la supériorité du Flyer face à ces concurrents sont les réglages et le bras iso élastique à double déport de débattement. Ces réglages particulièrement efficaces, et sans outils, permettent d’effectuer « l’équilibrage dynamique » (dynamic balance = alignement des centres de gravité de la caméra, du sled et du balancier) grâce à seulement deux petites molettes très accessibles sous la semelle, qui affinent l’ajustement pendant la répétition du plan. Ce réglage délicat permet d’éliminer le léger flottement horizontal qui survient quand on laisse le sled faire un panoramique naturellement ; si cette balance dynamique est mal faite ce flottement se constate également pendant les travellings et la caméra aura tendance à « vouloir » dévier de son axe pour pencher vers une mauvaise position ; la main du steadicameur devra alors sans cesse rectifier cette position, au lieu de cadrer vraiment le plan.

Cette notion d’équilibrage dynamique est sans aucun doute le réglage le plus important du système, et, quand il est bien fait, le sled soumis à une impulsion de rotation, fait un panoramique parfait dans le plan horizontal, sans plongée ou contre-plongée parasite. Ceci facilite grandement l’exécution des plans, car la main qui manie le sled doit travailler avec le moins de préhension possible, elle « tapote » très délicatement cette tige verticale sans vraiment la tenir. Le maintien étant assuré par le bras articulé, le harnais, et la main droite, on cherche donc à éviter tous les à-coups qui pourraient être induits par une tenue plus ferme.

Flyer, composé de son harnais, un bras double articulé, le sled, un moniteur 16/9, est léger, fabriqué en aluminium, rapide à mettre en œuvre et à régler grâce à quelques vis bien placées. Notamment l’accroche du bras sur le harnais offre un réglage de l’angulation horizontale et verticale du bras par rapport au corps de l’opérateur, ce qui améliore le contrôle du bras et permet de ramener naturellement le steadicam vers l’opérateur, diminuant sa fatigue . Le débattement vertical du bras composé de deux éléments articulés, dotés de ressorts, est de 76 cm et le Gimbal, roulement où la main de l’opérateur contrôle le sled, coulisse verticalement pour obtenir le meilleur équilibre vertical possible ; par principe la caméra doit se relever lentement d’un angle de 90° en deux à trois secondes maximum. Le moniteur accepte les signaux composites en standard et HD/SDI sur la version 24V, il s’intègre au bas du sled avec une ou plusieurs batteries 12V en guise de balancier.
Pendant ce Master Class, outre le test que j’ai effectué avec une caméra Canon XL1 et une Sony PD100, j’ai pu observé 23 stagiaires franchement motivés à l’exercice sous la direction de Garrett Brown mais aussi de Jerry Holway, une star du Steadicam aux USA et co-inventeur de l’Ultra. Ce stage d’un très bon niveau s’est tenu sur le grand plateau de 1400m2 de TSF à Aubervilliers pendant 6 jours, où chacun a pu tester et s’exercer avec tous les modèles de la gamme Steadicam, du plus gros au plus petit, TSF fournissant l’ensemble des caméras HD et 35mm. Huit instructeurs Steadicam plus Garrett, encadraient les stagiaires, en plus de l’équipe française réunie par Régis Prosper et TSF. Des travaux pratiques très bien réglés, comprenant des exercices de base, puis des mises en situation élaborées ont permis aux stagiaires d’acquérir de véritables notions professionnelles, et de les familiariser avec les attentes potentielles de leurs futurs réalisateurs. Des combinaisons de mouvements de caméras, faisant appel à des Dolly et des suivis de cibles, ont permis à chacun de tester à la fois sa créativité, sa maîtrise et saisir ainsi la complexité de certains mouvements qui semblent si simples et fluides au visionnage. Cet événement, qui a coûté 2500€HT pour la semaine, est malheureusement rare et trop confidentiel, une fois tous les 3 ou 4 ans en Europe ; on aimerait que cela soit plus fréquent…

Étant moi-même possesseur d’un système concurrent, j’ai pu constater l’avance technologique du Flyer, sa légèreté et notamment la fluidité du sled coulissant et l’efficacité exceptionnelle à l’amortissement du bras double. La mise en œuvre, équilibrage et réglages, a été également très rapide et riche en enseignements. Steadicam en leader mondial ne fait pas défaut à sa réputation et la conception du Flyer n’a clairement rien laissé au hasard. Réglages fins simples et astucieux, accessibles sans outils, rapides à exécuter et la qualité de fabrication sont au rendez-vous avec un tarif (7000€HT) à la hauteur de la marque, ce qui le destine à des usagers professionnels ou des productions solvables. Il est livré avec un kit de câbles pour caméras, le reposoir et son stand, un moniteur 16/9 (basculable en 4/3) et un sac de transport. En option, la bracketrie low mode (pour amener la caméra au ras du sol), l’accroche pour véhicule, l’émetteur-récepteur vidéo HF, le connecteur Triax, la passerelle de levage pour Dolly et les batteries avec chargeur.
Steadicam est importé en France par Cartoni France, et les revendeurs loueurs sont Loca Images, Visual Impact France, TSF et TRM.